Une campagne vieillissante et rurale, des grandes villes dynamiques et modernes. Carnet de voyage d'une Turquie à deux visages. En août 2019, je décide de traverser la Turquie pour aller me perdre dans les campagnes. Ce pays qui depuis 5 ans est dirigé par l'islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan est en pleine mutation. Cependant, le culte de l'ancien président Mustafa Kemal Atatürk est omniprésent. Son visage est partout, notamment dans les grandes villes, sur les balcons et fenêtres de la mégalopole d'Istanbul jusqu'à son mausolée dans la capitale Ankara. Le pays s'est ouvert sur le monde au regard de ses deux grandes villes. Néanmoins il conserve des disparités économiques et politiques majeures dans ses campagnes. Le tourisme a notamment des difficultés à se développer hors des stations balnéaires de la côte sud-ouest du pays. Beaucoup de ruraux vivent de l'agriculture dans le centre et la partie Est du pays. Les transports en commun sont peu développés et les dolmus (des minibus) se retrouvent souvent pris d'assaut. Depuis l'arrivée d'Erdogan au pouvoir, la religion a pris plus de poids dans la vie publique du pays. De nouvelles mosquées fleurissent à la campagne comme à la ville. L'accent a été mis sur les cours d'éducation religieuse, et le budget de la direction des affaires religieuses a quadruplé en quelques années. L'écart entre les campagnes et les villes continue de se creuser inexorablement. La société turque est divisée entre la politique menée par son chef d'État et l'envie d'un pays moderne, laïc et « pacifique ».